Terre et Vie , 26, Décembre 1996

 

L'Allaitement maternel 1996: Responsabilité commune (118)


"Le lait maternel est le seul aliment véritablement universel pour toute l'espèce humaine - au nord comme au sud, à l'est comme à l'ouest, pour les 5,7 milliards d'individus que nous sommes," a estimé le Dr HIROSHI Nakajima, Directeur général de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dans sa déclaration en faveur de la Semaine mondiale de l'allaitement maternel 1996, l'année dernière, cette manifestation annuelle de sensibilisation a été célébrée dans une centaine de pays dans le monde.

"Jusqu'à récemment, du moins", a poursuivi le Dr Nakajima, "le lait maternel était un maillon vital pour la nutrition et la survie pendant toute la durée de l'existence humaine, nourrissant le nouveau-né, le nourrisson et le jeune enfant alors qu'ils sont le plus vulnérables et les protégeant en même temps contre les maladies infectieuses. Ainsi, tant dans la perspective de l'évolution que du développement, toutes les communautés et tous leurs membres doivent-ils favoriser sans réserve le maintien de l'allaitement maternel là où il est pratiqué, son rétablissement là où il ne l'est pas, et la création d'un environnement où les mères peuvent nourrir leur enfant au sein".

Le lait maternel est beaucoup plus qu'un ensemble de nutriments. C'est une substance vivante d'une grande complexité biologique qui confère non seulement une protection unique contre la maladie mais qui stimule également le système immunitaire de l'enfant. Lorsque les enfants ont une alimentation artificielle, il en résulte immédiatement une élévation des taux de morbidité et de mortalité. Bien que l'impact soit particulièrement spectaculaire dans les communautés pauvres, les avantages sur le plan immunologique du lait maternel sont tout aussi réels dans les populations relativement plus riches. De plus, l'alimentation artificielle n'est guère en mesure de rivaliser avec l'allaitement au sein quant aux bienfaits physiologiques et affectifs qui en résultent aussi bien pour la mère que pour l'enfant.

L'allaitement maternel protège également la santé de la mère en réduisant le risque d'hémorragie post-partum si l'enfant est mis au sein dans la première heure qui suit l'accouchement, ainsi qu'en aidant à la protéger contre le cancer de l'ovaire et en réduisant le risque d'anémie.

La durée et le mode d'allaitement sont également importants, pour la mère comme pour l'enfant. Ainsi, par exemple, l'allaitement maternel exclusif - lorsqu'on ne donne à l'enfant aucun autre aliment ou liquide que le lait maternel - confère une protection supérieure à 98% contre une nouvelle grossesse au cours des six premiers mois suivant l'accouchement. Des études montrent également que six mois d'allaitement maternel exclusif confèrent une protection mesurables contre l'eczéma et les intolérances alimentaires chez l'enfant dans les familles ayant des antécédents d'allergie.

"Toutes les mères devraient avoir la possibilité de nourrir leur enfant exclusivement au sein et tous les enfants devraient être nourris exclusivement au lait maternel de la naissance à l'âge de quatre à six mois", conseille le Dr Nakajima dans son message. "Tout en continuant d'être nourris au sein, les enfants devraient ensuite recevoir une alimentation de complément appropriée et suffisante et ce au moins jusqu'à l'âge de deux ans. Le thème de cette année vient nous rappeler opportunément qu'il nous incombe à tous de veiller à ce qu'il en soit ainsi. Cette fois encore, les organisateurs de cette Semaine mondiale ont su définir l'action qui s'impose dans le monde, tout en parvenant à la traduire en mesures pratiques proposées au niveau local aux particuliers et aux associations pour permettre à toutes les mères de nourrir leur enfant au sein dans les meilleurs conditions".

OMS