Terre & Vie , Nos 46, 47, 48 et 49, Janvier, Févrie, Mars et Avril 2001

ROYAUME DU MARROC
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MINISTERE DE L'AGICULTURE, DU DEVELOPPEMENT RURAL ET DES EAUX ET FORET

 

COMMUNICATION SUR

LA SECURITE ALIMENTAIRE AU MAROC :
QUELLE STRATEGIE A L'AUBE DU XXI SIECLE ?

 

Présentée par Monsieurs :

· Abdellatif GUEDIRA : Directeur de la production végétale (MADREF)
· Abdelhak TBER : Directeur de l'Elevage (MADREF)
· MOstapha BERRADA : Secrétaire Général de I.A.V. Hassan II - Rabat

 

A L'OCCASION DE LA SESSION D'AUTOMNE DE L'ACADEMIE DU ROYAUME DU MAROC

RABAT, LES 20-21-22 NOVEMBRE 2000

 

TABLE DE MATIERE

INTRODUCTION.

I - CONCEPT DE SECURITE ALIMENTAIRE

II- BILAN DES REALlSATIONS EN MATIERE DE SECURITE ALIMENTAIRE 4

1. Au niveau mondial
2. Au niveau national
a) Produits végétaux
b) Produits de l'élevage
c) Produits halieutiques

III? PERSPECTIVES D'AVENIR DE LA DEMANDE ET DU NIVEAU DE LA SECURITE ALIMENTAIRE

IV- STRATEGIE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE AU MAROC

1. Lutte contre la pauvreté
2. Stabilité de la production nationale.
2.1. Utilisation de l'espace agricole
2.2. Gestion de l'aléa climatique
2.3. Irrigation et valorisation de l'eau
2.4. Valorisation des ressources en terres et territorialisation
2.5. Développement des filières de production
2.6. Protection de l'environnement et de sa durabilité.
2.7. Croissance démographique
2.8. Développement des ressources humaines et promotion des investissements

CONCLUSION

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INTRODUCTION.


L'alimentation constitue un élément essentiel pour la survie et la préservation de la santé des populations. Elle est également un facteur d'équité; chaque être humain doit y avoir accès et chaque gouvernement doit assurer les sources d'alimentation nécessaires à la satisfaction des besoins intérieurs.
C'est ainsi que la garantie de la sécurité alimentaire a toujours été une préoccupation majeure des pouvoirs publics de tous les pays, indépendamment de leur niveau de développement. Cependant, les écarts de développement socio-économique font que le contenu de la sécurité alimentaire n'est pas perçu de la même façon par les pays développés et les pays en voie de développement. Ce contenu se pose davantage en termes de qualité et de salubrité pour les premiers et en termes de disponibilité et d'accès pour les seconds.
Au Maroc, la garantie de la sécurité alimentaire a été toujours hissée parmi les priorités en matière de développement économique et social. Ainsi, des efforts importants ont été consentis pour la stabilité de l'approvisionnement des populations en produits alimentaires et l'amélioration des conditions de vie et du pouvoir d'achat des ménages.
Il n'en demeure pas moins que des défis importants restent à relever, notamment en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté et la stabilité de la production agricole nationale.
Le présent document s'efforce, dans une première partie, de présenter le concept de sécurité alimentaire, le bilan des réalisations et les perspectives d'avenir en matière de sécurité alimentaire, et dans une deuxième partie de tracer les grands axes de la stratégie nationale visant à garantir la sécurité alimentaire à l'aube du prochain millénaire.


I - CONCEPT DE SECURITE ALIMENTAIRE


L'alimentation a toujours été un souci majeur de l'homme. Elle se pose en terme de nécessité et d'obligation dans la mesure où elle conditionne sa survie, sa croissance, son développement et son activité.
De ce fait, elle a constitué une préoccupation permanente aussi bien des individus que de la société et des gouvernements.
C'est ainsi que l'appréhension de la question alimentaire a connu, en fonction du développement des sociétés une évolution importante allant des préoccupations d'autoconsommation des individus, à celle d'autosuffisance des nations, pour enfin se positionner en terme de sécurité alimentaire.
Au niveau international, il est admis que cette notion se définit de la manière suivante: " La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment et en tout lieu, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ".
Ainsi présentée, la garantie de la sécurité alimentaire repose, donc, sur quatre composantes essentielles:
¨ La disponibilité des produits alimentaires: il s'agit de garantir durablement la disponibilité d'une alimentation suffisante, afin de répondre à la croissance démographique, à l'urbanisation et à l'évolution des comportements alimentaires.
¨ La stabilité de l'approvisionnement: Les produits alimentaires doivent être disponibles à des prix raisonnables et selon des modalités stables. Les prix des produits alimentaires sont souvent peu stables de manière intrinsèque7 en raison de la rigidité de la demande en principales denrées agricoles par rapport au prix de l'offre.
¨ L'accès aux produits alimentaires: la sécurité alimentaire ne peut être assurée que si l'accès aux produits alimentaires est garanti sur les plans physique et économique. Si l'accès physique à la nourriture peut être entravé par des événements imprévus tels que la guerre, les embargos ou les restrictions frappant les exportations, l'accès économique peut être gêné par d'autres facteurs tels que l'insuffisance du pouvoir d'achat ou la pauvreté. Alors que les facteurs qui déterminent l'accès physique à l'alimentation sont partagés par tous les pays tant développés qu'en voie de développement, les facteurs entravant l'accès économique sont plus accentués dans les pays en développement.
¨ La préférence et la qualité :il s'agit de la nécessité de mettre a la disposition de la population des produits alimentaires ne présentant aucun risque sur la santé, de bonne qualité et aptes à satisfaire les préférences du consommateur. D'après l'OMS, la salubrité des aliments prend de plus en plus d'importance en matière de santé publique. Les maladies d'origine alimentaire aggravent l'insécurité alimentaire. Dans le monde entier, les gouvernements redoublent d'efforts pour l'améliorer, en réaction à un nombre croissant de problèmes et à des inquiétudes de plus en plus vives de la part des consommateurs.
L'avènement de la mondialisation du commerce et des échanges, comme une nouvelle donne de l'économie mondiale constitue aussi une préoccupation dans la mesure où la sécurité alimentaire d'un pays peut être perturbée ou affectée par les conditions économiques et sociales des autres pays. En considération de ce qui précède et compte tenu du niveau de développement économique et social des pays, le contenu de la sécurité alimentaire prend des aspects différents.
Pour les pays développés, les préoccupations de sécurité alimentaire se posent, principalement, en termes de qualité, de malnutrition par pléthore et de salubrité plutôt que de disponibilité ou d'accès; l'obésité aux Etats Unis, la vache folle en Grande Bretagne, la dioxine en Belgique et la listériose en France, ne sont que des exemples récents de l'impact des denrées alimentaires sur la santé des populations de ces pays. Au niveau des pays en développement, ce contenu est lié, d'une part, aux aspects de disponibilité et d'accès, à tout moment et en tout lieu, à une nourriture suffisante et, d'autre part, à la nature de l'activité des populations, selon qu'elles soient productrices de denrées alimentaires ou non.
Pour le cas du Maroc, la politique économique et sociale qu'il a connue depuis l'indépendance a été caractérisée par la priorité accordée à l'agriculture et aux aménagements hydroagricoles pour assurer la sécurité alimentaire du pays~ en particulier en produits alimentaires dits de base (céréales, sucre, huiles, viandes, lait et dérivés). D'importants efforts et moyens ont été consentis par l'Etat pour le développement de leur production. En effet, jusqu'au début des années 90, le concept de sécurité alimentaire a été conçu comme étant la réalisation de l'autosuffisance en denrées alimentaires de base et donc, l'approvisionnement du pays en totalité à partir de la production nationale.
Le secteur agricole avait donc un rôle primordial dans la réalisation de la sécurité alimentaire. Cette perception coïncidait avec une quasi-maîtrise par l'Etat des processus de production agricole; ce qui a conduit à considérer l'agriculture comme étant la source principale de satisfaction des besoins du pays en ces produits, sans tenir compte ni de ses capacités réelles, ni des conditions aléatoires de sa production, et sans chercher, par ailleurs, toutes les opportunités offertes par le marché international.
Cette perception a, cependant, montré ses limites, car l'Etat n'a pas pu, à lui seul, supporter les surcoûts nécessaires à la réalisation de l'autosuffisance, objectif qui s'est avéré très ambitieux et onéreux pour certains produits, dont la capacité de production est très limitée et demeure conditionnée par des aléas climatiques, en particulier pour les céréales et les huiles pratiquées essentiellement en bour.
De l'autre coté, les arbitrages entre la garantie de prix rémunérateurs aux producteurs et la sauvegarde du pouvoir d'achat des consommateurs se sont souvent soldés par une prise en charge par l'Etat des surcoûts s'y rapportant et ce, à travers la mise en place de subventions directes des prix à la consommation; tel est le cas de la farine nationale du blé tendre, du sucre et des huiles des graines oléagineuses.
Depuis le milieu des années 80, l'avènement d'un nouveau contexte international et l'évaluation des actions menées précédemment ont rendu la fonction de l'agriculture, non plus régie par la réalisation de l'autosuffisance en produits alimentaires de base, mais par la garantie de la sécurité alimentaire, qui prend en compte les possibilités de production nationale et les opportunités qu'offre le commerce international. Elle implique une production intérieure assortie de la capacité d'importer qui permette de répondre, dans les meilleures conditions économiques, aux besoins alimentaires du pays. De la sorte, la contribution de la production nationale à la sécurité alimentaire du pays devrait obéir aux conditions d'efficience économique.
Ainsi, la notion de sécurité alimentaire correspond à la réalisation de taux stratégiques d'approvisionnement en denrées alimentaires à partir de la production nationale.
Cette nouvelle approche n'intègre pas, toutefois, la dimension sociale de la production agricole, car elle risque d'aboutir à une réduction de l'activité agricole avec toutes les conséquences que cela entraîne principalement au niveau de l'emploi, de l'exode rural, de la balance commerciale. Cette approche présente certaines limites, notamment:
¨ Le caractère non transparent et incomplet de la libéralisation des marchés agricoles mondiaux;
¨ La nécessité de disposer d'un "pouvoir d'achat en devises'~ des produits alimentaires sur le marché international.
¨ L'incohérence de la mondialisation des échanges avec les politiques de soutien de l'agriculture au niveau des pays développés, notamment les USA et l'UE, où des subventions directes sont versées pour le soutien des revenus des agriculteurs et des exportations des produits agricoles.
Il est évident, de ce point de vue, que le commerce international en comblant les écarts entre la production et la consommation, doit permettre au pays d'exploiter d'une manière plus efficace ses potentialités agricoles et tirer un meilleur profit de ses avantages comparatifs.
Outre la référence à l'efficience économique, la sécurité alimentaire prend en considération deux dimensions supplémentaires, à savoir la sécurité de l'approvisionnement alimentaire, qui renvoie davantage au fonctionnement des filières "alimentaires" (production, importation, transformation et distribution) et la sécurité de l'accès de la population aux denrées de base qui introduit la problématique de la répartition du pouvoir d'achat entre les différentes catégories de consommateurs.
Dans le contexte national actuel, une approche basée sur la seule efficience économique pour assurer au pays son approvisionnement alimentaire s'avère incompatible avec l'importance et la multifonctionnalité du secteur agricole. Elle risque d'aboutir à une réduction substantielle de ses activités et d'induire en conséquence des effets préjudiciables sur les plans politique et social. De ce fait, la sécurité alimentaire s'avère un impératif qui s'inscrit d'emblée dans le champ de la politique agricole; elle est une prérogative des pouvoirs publics et relève des attributs de la souveraineté nationale


II- BILAN DES REALlSATIONS EN MATIERE DE SECURITE ALIMENTAIRE


1. AU NIVEAU MONDIAL


Malgré une abondance des disponibilités alimentaires au niveau mondial, les instances internationales évaluent le nombre de personnes qui souffrent actuellement d'une sous-alimentation à environ 800 millions de personnes dans les pays en développement et 34 millions dans les pays développés et à économies en transition. Plus des trois quarts des êtres humains sous-alimentés vivent en Asie, dans la région du Pacifique et en Afrique subsaharienne.
Bien que la part des produits alimentaires de la plupart des pays en développement connaisse un accroissement relatif au niveau des importations, la situation de leurs disponibilités alimentaires va en s'aggravant en dépit des efforts poursuivis en matière d'augmentation et d'amélioration des productions vivrières.
L'agriculture en irrigué contribue actuellement à hauteur de 40% de la production alimentaire mondiale en n'utilisant que 17% seulement des terres agricoles. D'après la FAO, 80% des productions alimentaires additionnelles proviendraient des cultures irriguées. Ceci montre le rôle primordial que jouera l'eau, à l'avenir, dans la garantie de la sécurité alimentaire mondiale, ce qui milite en faveur d'une gestion raisonnée et rationnelle des ressources hydriques.
Quant aux échanges des denrées alimentaires de base à l'échelle mondiale, ils se caractérisent par le fait que seuls les excédents sont exportés. L'offre de denrées agricoles destinées au marché international est faible comparativement à la production globale intérieure des pays exportateurs. En effet, la quantité de blé négociée sur le marché international correspond à environ 18,5 pour cent de la production mondiale, le pourcentage pour le cas du riz étant d'environ 4,5 pour cent. C'est l'une des raisons expliquant qu'une variation au niveau de la récolte d'un pays important sur le plan de l'exportation et/ou de la consommation peut déterminer directement le mouvement des prix pratiqués sur le marché mondial.
Une autre caractéristique des échanges agricoles est l'existence d'un nombre limité de pays exportateurs qui dominent les marchés internationaux. Une telle concentration des fournisseurs aggrave les variations des prix sur le marché mondial, en cas de conditions météorologiques anormales dans ces pays.
La sécurité alimentaire a toujours constitué une préoccupation de la communauté internationale. A cet effet, la FAO, a organisé en Novembre 1996, un Sommet Mondial de l'Alimentation, auquel les chefs d'Etat et de gouvernements des nations du monde entier ont participé. Ce Sommet a adopté la Déclaration de Rome et le Plan d'Action du Sommet Mondial de l'Alimentation.
Les principaux objectifs de ce sommet sont se présentent comme suit:
· La garantie à tous les êtres humains, en tout moment et en tout lieu, l'accès à une nourriture suffisante, saine et nutritive. Ainsi, il a été convenu de réduire de moitié le nombre des personnes souffrant de la sous-alimentation d'ici l'an 2015 ;
· La contribution permanente du développement agricole, rural et halieutique, dans le progrès économique et social des pays et la prospérité des populations ;
· La préservation, l'amélioration et l'exploitation durable des ressources naturelles et notamment les terres, les ressources en eau et les ressources génétiques, pour garantir la sécurité alimentaire et le développement agricole ;
A travers cette Déclaration, tous les pays se sont engagés à faire des progrès substantiels dans l'élimination du fléau de la faim et de la malnutrition. Quant au Plan d'Action, il comporte sept engagements avec un objectif principal de garantir la sécurité alimentaire aux niveaux individuel, familial, national, régional et mondial. Ces engagements peuvent être résumés ainsi:
· La création d'un environnement politique, social et économique propice pour l'éradication de la pauvreté;
· La mise en œuvre des politiques visant la garantie de la sécurité alimentaire;
· La poursuite de politiques et méthodes participatives et durables de développement alimentaire, agricole, halieutique, forestier et rural ;
· L'organisation du commerce international des denrées alimentaires et agricoles ;
· La prévention des catastrophes naturelles et celles provoquées par l'homme ;
· L'encouragement de l'investissement public et privé pour le développement ;
· La mise en place de système de suivi évaluation du Plan d'Action du Sommet Mondial de l'Alimentation.
Ainsi, les chefs d'Etat et de gouvernements ont réaffirmé le droit de chaque être humain à accéder à une nourriture saine et nutritive. Ils ont, ainsi, proclamé leur volonté politique et leur engagement commun et national pour parvenir à la sécurité alimentaire pour tous et de déployer un effort constant afin d'éradiquer la faim et de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées d'ici 2015 au plus tard.


2. AU NIVEAU NATIONAL


La sécurité alimentaire au Maroc se pose essentiellement, d'une part, en terme d'accès financier et de pouvoir d'achat reflétés par la pauvreté, et d'autre part, en terme d'instabilité des niveaux de disponibilités à partir de la production nationale.
§ La pauvreté concerne une frange importante de la population estimée à 5,3 millions de personnes (enquête 1998/99) soit près de 19% de la population totale. Cette pauvreté, qui affecte 1,9 millions de personnes en milieu urbain et 3,4 millions en milieu rural, touche de manière plus marquée les ménages à taille élevée (8 à 9 personnes) et ceux dont le chef de famille est sans instruction.
En terme d'évolution, la pauvreté au Maroc a diminué jusqu'en 1991 en passant de 6,7 millions en 1970 (44% de la population) à 3,2 millions en 1991 (13% de la population). A partir de 1991, cette situation s'est inversée pour se situer actuellement à 19% de la population.
Cette aggravation de la pauvreté s'est accompagnée d'une réduction de l'écart entre les plus riches et les plus pauvres en terme de dépenses. C'est ainsi qu'en 1970, les 10% les plus riches dépensaient 30 fois plus que les 10% les plus pauvres et qu'en 1998, ce rapport est passé à moins de 12 fois.
Face à cette situation, plusieurs actions visant l'atténuation de l'impact de la pauvreté sont actuellement en cours de réalisation, aussi bien par les pouvoirs publics que par les organisations non gouvernementales. Il y a lieu de citer principalement:
· La création en 1998, sous la présidence effective de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, de la Fondation Mohamed V pour la Solidarité, qui œuvre à travers une mobilisation des forces vives de la société civile. Des campagnes de solidarité nationale sont organisées pour collecter des fonds, qui contribuent à mettre au point une stratégie à long terme pour l'éradication des foyers de la pauvreté et de la marginalisation. Cette fondation, qui n'est pas une structure alternative pour se substituer aux différents organismes de l'Etat ou institutions publiques en charge de la protection et de la couverture sociale, réserve les fonds collectés à la réfection des maisons de bienfaisance et à l'intégration de leurs résidents dans la vie normale. Elle apporte, également, un soutien financier aux structures d'accueil des enfants orphelins et démunis et aux institutions sociales, et réalise divers programmes au profit de la fille et de la femme rurale, en renforçant les structures sociales de base et en les dotant de moyens pour leur permettre d'assurer des ressources stables. La création du Fonds Hassan II pour le développement, dont les objectifs consistent à réaliser des projets générateurs d'emplois multiples et diversifiés et promouvoir le monde rural. La création d'un ministère chargé de la condition féminine, de la protection de la famille et de l'enfance et de l'insertion des handicapés. L'instauration d'un environnement favorable pour l'encouragement des ONG et du secteur privé à contribuer à la lutte contre la pauvreté.
§ L'instabilité de l'approvisionnement à partir de la production nationale: le Maroc, grâce à une politique volontariste de l'Etat, est parvenu à réaliser la sécurité alimentaire pour les denrées de base; des résultats globalement positifs, quoi que modestes pour certains produits, ont permis à notre pays de réduire sensiblement cette instabilité, en particulier pour le sucre, les viandes, le lait et les fruits et légumes.
Parmi les actions déterminantes ayant permis la réalisation de ces résultats figure la politique de l'eau, caractérisée par la construction de barrages, l'aménagement hydro-agricole et la mise en valeur agricole des périmètres irrigués. Les efforts déployés dans ce domaine ont été matérialisés par la construction des barrages dont la capacité actuelle est de l'ordre de 13,7 milliards de m3 d'eau et l'aménagement hydro-agricole de 1 million d'hectares environ irrigués de manière pérenne.
Le secteur irrigué, qui ne représente que 10% environ de la superficie agricole utile, contribue, en année normale, pour 45% de la valeur ajoutée, 75% des exportations des produits agricoles et 50% de l'emploi direct dans l'agriculture. Son importance dans la contribution à la couverture des besoins intérieurs en produits agricoles, se présente comme suit :

Secteur

Part de la production provenanr de l'errigué (%)

Céréales

15 (avec un maximum de 25% en année séche)

Cultures sucrières

95

Agrumes

100

Légumes

82

Cultures forragères

75

Lait

75

Viandes rouges

26


Contrairement aux céréales et aux viandes rouges où l'essentiel de la production est réalisé en zones d'agriculture pluviale et des parcours, les productions des autres secteurs sont issues des zones irriguées. Les Grands Périmètres Irrigués (GPI), érigés en pôles régionaux de développement économique et social, contribuent à la réalisation de l'essentiel de ces productions et permettent ainsi de sécuriser l'approvisionnement du marché intérieur en produits agricoles, notamment les fruits et légumes, le lait et le sucre.
En outre, les périmètres irrigués contribuent à l'amélioration des revenus des agriculteurs et offrent un cadre de vie relativement meilleur, grâce aux infrastructures économiques et sociales existantes (unités agro-industrielles, routes et pistes, électrification, écoles, agglomérations).
Les superficies non irriguées représentent près de 90% de la SAU; leur utilisation concerne essentiellement les céréales, les légumineuses et les cultures oléagineuses, avec une production, caractérisée par des fluctuations inter-annuelles importantes dues aux aléas climatiques, en particulier la sécheresse. A titre d'exemple, la production céréalière permet de couvrir près de 60% des besoins en moyenne avec des fluctuations allant de 21% en année sèche à 118% en année pluvieuse.
Ainsi, la contribution des principales productions végétales et animales à la couverture des besoins intérieurs de consommation se caractérise par une certaine stabilité pour les productions situées en irrigué et des fluctuations plus au moins importantes pour celles situées en zones pluviales.
Cette situation est illustrée, ci-après, pour les principales filières de production agricole:
a) Produits végétaux
o Céréales
La superficie réservée aux céréales s'élève à 5,3 millions d'hectares environ, représentant près de 70% de la SAU, hors jachère. La production est fortement dépendante du climat. Elle couvre en moyenne 60% des besoins avec un maximum de 118 % en 1995?96 et un minimum de 21 % en 1994?95.
Actuellement, le niveau moyen de la demande totale en céréales s'élève à 84 millions de quintaux, répartis à raison de 60 millions de quintaux (71%) pour la consommation humaine directe et 24 millions de quintaux (29%) pour la consommation animale, les semences et les pertes. La consommation animale de l'orge et du mais représente respectivement environ 40% et 70% de la demande totale en ces céréales.
La demande humaine en cette denrée se situe à un niveau relativement élevé et correspond par personne et par an à plus de 210 kilogrammes. Cette demande domine le régime alimentaire moyen et lui imprime ses principales caractéristiques nutritionnelles. En effet, les céréales assurent l'apport d'environ 2/3 des besoins en calories et 3/4 des protéines. Ainsi, cette demande a évolué selon un rythme d'accroissement annuel équivalent à celui enregistré par la population, ce qui suppose une relative constance de la demande directe par personne et par an.
La structure de la demande directe en céréales a été marquée par une augmentation importante de la part du blé tendre qui est passée de 27% en 1960 à plus de 60% actuellement, indiquant une dynamique de substitution significative du blé tendre aux autres céréales et à l'orge en particulier. Cette substitution est encore plus prononcée en années de sécheresse.
o Sucre
Les cultures sucrières couvrent actuellement 83.000 ha et sont essentiellement pratiquées en zones irriguées. Ce secteur a connu une forte croissance entre 1963 et 1999 en termes de superficies et de productivité. La production s'élève actuellement à 2,9 millions de tonnes de betterave et 1,3 millions de tonne de canne à sucre et permet la réalisation d'une production de 500.000 T de sucre environ, couvrant 52% des besoins de consommation avec un maximum de 66 % durant la campagne 1992?93.
L'évolution du taux de couverture des besoins en sucre a connu une tendance ascendante. Ce taux est passé de 0% en 1963 pour atteindre 65% à partir de la fin des années 80. I1 a même dépassé ce seuil en 1983 et en 1988. Cette évolution soutenue de la production sucrière au Maroc a permis d'atteindre les objectifs tracés en matière de sécurité alimentaire.
Cependant, à partir des années 90, on constate une contre-performance de la filière qui coïncide, entre autres, avec la libéralisation du commerce et des prix et le désengagement de l'Etat. Cette contre-performance est due à la stagnation de la production sucrière face à l'accroissement continu de la consommation, due à l'accroissement démographique.
En général, le niveau d'auto-approvisionnement en sucre peut être considéré comme une des grandes réussites de la politique agricole, puisque celle-ci a permis au Maroc de passer d'une situation d'importateur net de sucre en 1963 à une situation où plus de la moitié des besoins sont produits localement.
o Huiles
La production des huiles alimentaires est constituée des graines oléagineuses et des olives. Elle s'élève actuellement en moyenne à 75.000 T dont 55.000 T des huiles d'olives et 20.000 T des huiles de graines oléagineuses. Cette production contribue à la couverture de 20% des besoins de consommation, avec des fluctuations allant de 13 à 23% selon les campagnes.
L'analyse comparative de la production et de la consommation d'huile (graines et olive) montre que:
· Les possibilités de la production nationale sont restées très limitées et ne reflètent pas les potentialités réelles en la matière notamment en ce qui concerne l'huile d'olive;
· Les politiques suivies en matière de cultures oléagineuses n'ont pas atteint les objectifs escomptés, et la production d'huile issue des graines est restée très modeste. En effet, à l'exception de la période 1987?1992, marquée par un effort soutenu de développement de la filière oléagineuse, notamment du tournesol, la production est restée faible. Les principales contraintes concernent la faiblesse du progrès technique, les conditions climatiques, la faible exploitation des potentialités régionales de production et les difficultés de commercialisation des récoltes;
· La libéralisation brutale et inachevée de la filière a eu des conséquences négatives sur les producteurs, surtout que le secteur souffre d'une faible organisation ne permettant pas de sauvegarder les intérêts des producteurs; ces derniers se trouvent désarmés face à un partenaire agro-industriel mieux organisé et plus ou moins déconnecté du segment productif;
· Le secteur de l'olivier a montré des potentialités importantes au Maroc, mais n'a pas bénéficié du même soutien que 1'Etat a alloué aux graines oléagineuses, notamment en matière de soutien des prix à la consommation ;
· La faible intégration des filières et leur faible compétitivité par rapport aux autres filières et vis-à-vis du marché mondial, ainsi que l'importance du facteur climatique puisque les cultures oléagineuses et l'olivier sont faiblement présentes en irrigué.
L'évolution du taux de couverture des besoins en huiles montre une insuffisance très marquée aussi bien en terme d'approvisionnement des besoins à partir de la production nationale, qu'en terme de la régularité de la production qui est très fluctuante.
Une réforme du système de prix et de compensation du secteur des oléagineux, a été récemment mise en œuvre. Elle vise essentiellement la relance de ce secteur sur de nouvelles bases offrant une meilleure visibilité aux opérateurs. Cette réforme consiste en une baisse des droits de douane à l'importation des huiles et des graines, un soutien direct à la production locale des graines oléagineuses et une suppression de la subvention forfaitaire à la consommation. Les impacts attendus se traduiront par une garantie des prix à la production, une meilleure offre commerciale de la part des industriels à des prix compétitifs et un allègement de la charge du budget de l'Etat.
Concernant le secteur oléicole, la mise en œuvre du Plan de développement à moyen et long terme de ce secteur, lancé en 1998?99, nécessite le soutien de l'Etat, à la lumière de la réforme du système compensation des oléagineux.
Le soutien demandé sera destiné essen1iellement à financer les actions visant l'accroissement de la productivité des plantations, la modernisation de l'outil de transformation et la promotion de la consommation de l'huile d'olive de qualité.
o Fruits et Légumes.
Le secteur horticole, hors olivier, occupe une superficie moyenne de 570.000 Ha (6% de la SAU), et réalise une production moyenne de 6 millions de tonnes. Celle-ci assure entièrement la satisfaction de la demande intérieure exprimée et contribue pour une part importante dans des exportations agricoles (1 million de tonnes en moyenne). Les principaux produits exportés sont les agrumes, les primeurs (tomate et pomme de terre essentiellement), les fruits divers (melon. fraise,...) et les produits transformés. Cependant, la production limitée de certains fruits secs tels que les raisins secs, les pruneaux et les amandes entraînent le recours à des importations de faibles quantités de ces produits. Par ailleurs, la libéralisation du commerce extérieur de cette filière a incité à l'importation de certains fruits, notamment la banane et les pommes, caractérisés au niveau du marché international par des prix très compétitifs par rapport aux coûts de revient de la production nationale.
b) Produits de l'élevage
o Lait
La production laitière s'élève en 1999 à près de 1,1 milliards de litres, enregistrant une progression moyenne annuelle de 2,7% entre 1975 et 1992, et près de 5 % entre 1993 et 1995. Cette production permet actuellement de satisfaire la totalité de la demande en lait frais depuis 1983 et de répondre à 86% de la demande totale en lait et dérivés. Cependant, les niveaux de consommation par habitant (40 litres /hab./an) restent encore en deçà des normes nutritionnelles recommandées (90 équivalents litres de lait par habitant et par an).
o Viandes Rouges
En dépit des conditions climatiques marquées par des sécheresses récurrentes durant les trente dernières années, la production des viandes rouges a enregistré une progression moyenne annuelle de O,9% par an entre 1970 et 1999; maintenant ainsi l'équilibre entre la demande et l'offre. Cette production se situe actuellement en moyenne à 300.000 T et se caractérise par une amélioration du poids moyen de carcasses qui est passé de 112 à 160 Kg pour les bovins et de 11 à 14 Kg pour les ovins entre 1980 et 1999.
Cette évolution est le résultat d'une série de mesures et d'actions concomitantes et intégrées pour le développement de la filière viandes rouges. Celles-ci ont concerné l'aménagement et l'amélioration des terres de parcours, l'amélioration de la productivité des races ovines locales dans leurs aires géographiques, l'introduction des races bovines à viandes adaptées aux zones de production, l'encadrement sanitaire généralisé du cheptel, l'assainissement du réseau d'abattoirs pour l'amélioration de l'hygiène et de la salubrité des viandes et l'incitation des producteurs à l'acquisition des facteurs de production.
o Viandes blanches et oeufs
Depuis le début des années 70, le secteur avicole a connu un essor remarquable. La production des viandes blanches est passée de 57.000 tonnes en 1975 à 230.000 tonnes en 1999, dont 180.000 tonnes proviennent du secteur industriel, soit un taux d'accroissement moyen de 11% par an. Cette progression est liée au développement du secteur industriel privé dont le rythme d'accroissement a été plus fort durant les cinq dernières années. Cette progression observée est la résultante de mesures incitatives ayant permis au secteur de répondre, avec célérité à la demande du marché. Ainsi, la part des viandes blanches dans la consommation (toutes viandes) est passée de 23% en 1970 à 40% en 1999.
Quant à la production des œufs de consommation, elle s'est accrue de 400 millions en 1975 à 3,2 milliards d'unités en 1998, soit une augmentation moyenne annuelle de 7,7%. La part du secteur industriel a été de 2,3 milliards d'unités.
c) Produits halieutiques
La production halieutique au Maroc s'élève en moyenne à 850.000 tonnes. Elle permet de satisfaire les besoins du marché intérieur et dégage des excédents exportables. La valeur des exportations des produits de la mer se situe en moyenne à 800 millions de $US.
Le secteur halieutique est handicapé par l'absence de véritables réseaux de distribution et de commercialisation de poisson.
Les captures effectuées par la flotte côtière sont destinées à hauteur de 30% à la consommation nationale en frais. Cette dernière s'élève à seulement 7,6 kg par an et par habitant (9,88 kg dans le milieu urbain et 3,46 kg en milieu rural). Ce niveau demeure très faible pour un pays à vocation maritime (16,1 kg/an/habitant en Mauritanie, 36,7 kg/an/habitant en Espagne et 9,5 kg/an/habitant en Tunisie).


III. PERSPECTIVES D'AVENIR DE LA DEMANDE ET DU NIVEAU DE LA SECURITE ALIMENTAIRE


D'une manière générale, les rations alimentaires moyennes des ménages marocains permettent de satisfaire les besoins nutritionnels exprimés en termes de calories, de protéines et de principaux oligo-éléments et vitamines. A titre indicatif, l'apport moyen se situe à:
· 2600 Kcal, en dépassement de 20% par rapport aux besoins recommandés;
· 53 g de protéines, en hausse de 45% par rapport au niveau recommandé.
I1 n'en demeure pas moins que cette situation comporte quelques déséquilibres liés à la faible part des protéines animales, aux carences en quelques oligo-éléments (calcium, iode et fer) et en certaines vitamines (B2, A et D).
Selon plusieurs enquêtes récentes du Ministère de la Santé, la prévalence des carences en nutriments (minéraux et vitamines) est alarmante; 41% des enfants sont carencés en vitamine A et neuf femmes sur dix sont carencées en fer.
En outre, le modèle actuel de consommation est caractérisé par des apports limités en denrées d'origine animale (lait et produits laitiers). Cette situation se traduit par un déséquilibre nutritionnel de la ration alimentaire, qu'il y a lieu de corriger, comme le montre le tableau suivant:

Indicateurs d'équilibre

Nombre d'équilibre

Situation actuelle

Situation à l'horizon 2020

Energie glucidique sur énergie totale

50-65%

70%

65%

Energie protéinique sur énergie totale

13-15%

11,3%

13%

Energie lipidique sur énergie totale

20-30%

19%

20%

Protéines d'origine animale sur protéines totales

25% (*)

19% (*)

25%

Calcium sur phosphore

50-150%

20%

40%

(*) :y compris la contribution des produits halieutiques.



Une étude réalisée récemment par le Ministère de l'Agriculture a évalué la demande et l'offre des produits alimentaires de base à l'horizon 2020.
La demande alimentaire par personne et par an, a été estimée sur la base de deux hypothèses:
· L'hypothèse tendancielle ;
· L'hypothèse nutritionnelle.
L'évaluation de la demande totale s'appuie sur une estimation de la population de l'ordre de 40 millions d'habitants à l'horizon 2020.
La demande tendancielle s'appuie sur les estimations découlant des fonctions de demande élaborées à partir des données de la période 1969?1990 et des évolutions attendues des variables socio?économiques prises en compte (croissance moyenne du PIB de 4,5 % par an, évolution tendancielle des prix …).
La demande nutritionnelle s'appuie sur une ration nutritionnelle à moindre coût et sur la base d'une meilleure adéquation entre les apports nutritionnels de la ration alimentaire et ses exigences qualitatives et quantitatives.
Les niveaux de demande déterminés impliqueront une offre additionnelle à réaliser par le système de production à travers la mobilisation du potentiel productif par produit et par zone agro-pédologique, ainsi que l'intensification de la production végétale et animale.
La confrontation de la demande actuelle et celles prévues à l'horizon 2020, permet de relever les écarts suivants:

 

Demande actuelle (A)

Demande à l'horizon 2020

B/A en %

C/A en %

Hypothèse nutritionnelle (B)

Hypothèse tendancielle (C)

Céréales

8.200

12.400

13.700

151

167

Sucre

760

960

1.180

118

155

Huiles

270

600

500

222

185

Viandes rouges

340

400

500

117

147

Viandes blanches

150

300

270

200

180

Lait

1.140

3.700

2.000

324

175

Œuf

1.400

3.300

2.100

236

150

Beurre

40

120

70

300

175


S'agissant des céréales, les objectifs de production fixés consistent à réaliser dans une première phase le plan de sécurisation de la production céréalière à 60 millions de quintaux sur une superficie de 4,30 Millions d'hectares localisées dans les zones irrigués et de bour favorable.
L'objectif à long terme étant d'augmenter le taux de couverture des besoins en blé tendre de 52% actuellement à 70% et la consolidation des niveaux actuels pour les autres céréales, à savoir 80% pour le blé dur, 90% pour l'orge et 30% pour le mais. Dans ce cadre, un plan d'action a été arrêté et concerne les domaines afférents au financement et à l'assurance agricole, à la mécanisation des travaux agricoles, à l'irrigation de complément, à la formation, à la sensibilisation et à l'encadrement technique ainsi qu'à l'utilisation des intrants et à la commercialisation des productions.
Concernant la filière sucrière, l'objectif fixé à long terme consiste à consolider les acquis réalisés en matière de sécurité alimentaire, et ce dans le cadre d'une filière intégrée et efficiente, en tenant compte des potentialités offertes en matière de superficies aménagées dans le cadre du Programme National d'irrigation et des gains de productivité. Ainsi, la production attendue en sucre à l'horizon 2020, soit 970.000 T, permettrait la couverture de près de 76% des besoins de consommation, exprimés selon la demande tendancielle.
S'agissant des huiles, la stratégie élaborée à long terme vise la relance du secteur des oléagineux, notamment à travers l'extension des superficies en irrigué et l'amélioration des contextes technique et organisationnel de la production. Pour les huiles d'olives, le plan National Oléicole a prévu l'extension des superficies de 500.000 Ha environ et un doublement de la productivité. Ainsi, la production des huiles d'olives et des graines s'élèvera à l'horizon 2020 à 470.000 T, soit 77% des besoins de consommation. La réalisation de cet objectif demeure étroitement liée au développement du secteur oléicole.
Pour les fruits et légumes, les objectifs fixés tablent sur des productions respectives de 7 millions de tonnes dont 1,85 millions de tonnes d'agrumes et 420.000T de vignes de raisins. Ces productions permettront de couvrir la totalité des besoins intérieurs, et de dégager des excédents exportables.
Concernant la production laitière, et selon les études prospectives réalisées en la matière, elle devrait connaître un rythme d'accroissement de près de 9,2 % par an pour garantir la sécurité alimentaire totale en produits laitiers, selon l'option nutritionnelle jusqu'à l'horizon 2010; ce qui nécessite la mise en place d'une stratégie axée notamment sur l'incitation à l'investissement pour l'intensification de la production, qui privilégiera les zones à vocation laitière (zones irriguée et bour favorable) et portera, entre autres, sur les exonérations fiscales pour l'acquisition et l'importation des facteurs de production, l'octroi des aides financières à l'investissement, l'appui aux organisations professionnelles (partenariat...), la mise à niveau des producteurs (formation, encadrement rapproché ...) et enfin l'amélioration de la qualité du lait à tous les maillons de la filière.
Pour les viandes rouges, les perspectives de consommation projetées sur la base des indicateurs socio?économiques laissent présager un taux d'accroissement de la production de 2,4% par an jusqu'à l'horizon 2010. Cet objectif, serait atteint grâce à la mise en place d'un programme global visant l'amélioration de la productivité du cheptel et de la qualité des produits carnés, l'organisation des producteurs et du marché, et l'incitation des organisations professionnelles et des privés à l'intensification de la production des viandes rouges (aides financières, exonérations fiscales …). Dans ce cadre, des associations de producteurs de viandes rouges ont été constituées au niveau régional et national dont l'une des missions est la mise en place d'un programme intensif d'engraissement, l'organisation du marché de viandes, la formation et la mise à niveau des producteurs.
D'une manière générale, il est possible de consolider les résultats obtenus ainsi que leur amélioration, en particulier pour les productions issues des zones irriguées. Toutefois, les niveaux de sécurité alimentaire, demeurent tributaires des évolutions que connaîtront les marchés mondiaux et le degré de leur ouverture pour permettre aux pays en développement de valoriser leurs avantages comparatifs.
IV? STRATEGIE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE AU MAROC
L'évaluation des réalisations en matière de sécurité alimentaire montre que le Maroc, a franchi des étapes importantes qui l'ont conduit à adopter une approche intégrée visant à la fois à assurer l'approvisionnement régulier du pays en produits agricoles et halieutiques et à s'ouvrir sur l'économie mondiale.
Les acquis obtenus sont un atout précieux pour faire face aux défis de croissance que le Maroc aura à confronter au cours des prochaines décennies du fait de l'évolution prévisible de sa démographie, de la détérioration progressive de ses ressources naturelles sol et eau notamment, et enfin de la dynamique de la conjoncture internationale et l'ouverture de l'agriculture nationale sur les marchés extérieurs.
A ce titre, il convient de signaler l'existence d'un certain nombre de défis qu'il y a lieu de surmonter dans les années à venir pour assurer la disponibilité et l'accès des populations à une alimentation équilibrée et saine.
Ces défis concernent principalement:
· La lutte contre la pauvreté.
· La stabilité de la production nationale.


1. LUTTE CONTRE LA PAUVRETE


Les objectifs visés sont les suivants:
· Sur le plan économique : créer la richesse et l'emploi et leur répartition pour une population jeune et appelée à s'accroître, en mettant les moyens et les mesures appropriés à même de réduire l'ampleur de ce fléau ;
· Sur le plan social: renforcer les politiques alimentaires, à travers des actions de solidarité avec les couches les plus démunies, en mettant en place des instruments d'aide alimentaire structurels et pérennes, à l'instar de ce qui se passe aux USA (Food Stamp) et en France (Restaurants de Cœur). A ce titre, la Fondation Mohammed V pour la Solidarité, présidée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, constitue la base de cette nouvelle politique.


2. STABILITE DE LA PRODUCTION NATIONALE.


Ce défi majeur ne pourra être totalement relevé que dans le cadre d'une stratégie agricole et rurale fondée sur une appréciation objective des contraintes et des marges de progrès de l'agriculture nationale dans le cadre d'un développement économique et social global mettant l'accent sur le développement agricole et rural, d'une part, et sécurisant un niveau minimum de la production alimentaire nationale et créant un niveau de richesse suffisant pour permettre de répondre aux besoins d'importation, de stockage, de transport et de distribution des denrées alimentaires, d'autre part.
A ce titre, le Ministère de l'Agriculture, du Développement Rural et des Eaux et Forêts a élaboré une stratégie de développement agricole et rural à long terme. Le colloque National de l'Agriculture et du Développement Rural, tenu à Rabat les 19 et 20 Juillet 2000, a associé, l'ensemble des acteurs concernés de notre société pour débattre des contours et du bien-fondé de cette nouvelle stratégie et se concerter pour une agriculture productive, compétitive et durable. L'élaboration de cette stratégie a coïncidé avec la préparation du Plan Quinquennal 2000-2004, et s'est fixé comme objectifs prioritaires:
· De réduire la vulnérabilité à la sécheresse et à la détérioration des ressources naturelles de base;
· D'accroître les performances de production et l'efficience économique; d'augmenter l'emploi et les revenus dans l'agriculture;
· D'améliorer les niveaux de l'éducation et de la formation professionnelle des hommes et des femmes rurales;
· De corriger les équilibres régionaux et sous-régionaux en matière d'infrastructures, de commerce et d'aménagement du territoire.
La réalisation de ces objectifs permettra à notre agriculture d'améliorer sa compétitivité et contribuer ainsi à la réalisation de la sécurité alimentaire dans des conditions économiques efficientes.
Pour la mise en œuvre de la stratégie précitée, un certain nombre de facteurs demeurent déterminants pour le développement de la production et de la consommation des produits alimentaires, il s'agit de:


2.1. Utilisation de l'espace agricole


Selon les résultats du Recensement Général de l'Agriculture, réalisé en 1996, sur une superficie globale de 71 Millions Ha, la SAU couvre 8,7 Millions Ha dont 1 Million Ha, irrigués sur un potentiel irrigable de façon pérenne de 1,6 Million Ha.
Entre 1974 et 1996, la SAU a augmenté de 1,5 Million Ha; cette tendance peut difficilement se poursuivre à l'avenir. Par contre, les superficies irriguées pourront s'accroître de 350.000 Ha pour atteindre le potentiel irrigable de façon pérenne. Les superficies consacrées à la production des principales cultures et leur répartition entre l'irrigué, le bour favorable et le bour défavorable ont d'importantes répercussions sur la sécurité alimentaire. Il en est de même de l'intensification de l'utilisation des superficies (réduction de la jachère) et de l'extension des superficies récoltées (plusieurs récoltes par an).

Utilisation de la SAU en 1000 Ha

 

Irrigué

B.Favorable

B. défavorable

Total

Céréales

740

2.350

2.480

5.300

Légumineuses

20

350

50

420

Fourrages

150

200

-

350

Maraîchage

130

100

-

230

Arboriculture

485

317

-

802

C.Industrielles

84

112

-

196

D.Divers

12

99

-

110

E.Jachère

-

421

-

110

Total

1.351

3.949

3.881

9.181


2.2. Gestion de l'aléa climatique


La production nationale de produits de base fait l'objet de fluctuations inter-annuelles très marquées à cause des sécheresses de plus en plus fréquentes durant les deux dernières décennies. Ces fluctuations accentuent la précarité des populations rurales, aggravent les importations et se répercutent sur le taux de croissance de l'économie nationale. Face à cette situation et étant donné l'importance des céréales dans l'alimentation des ménages marocains, il est devenu indispensable de sécuriser un niveau de production céréalière dépassant largement celui obtenu actuellement en année difficile. A ce titre, le Ministère de l'Agriculture, du Développement Rural et des Eaux et Forêts a élaboré un programme de sécurisation de la production céréalière à un niveau de 60 millions de qx dont la réalisation s'étalera sur une période de 3 ans. En parallèle à ce programme, le Ministère a mis en place un Observatoire National de la Sécheresse, dont l'objectif principal est d'apporter, à travers une collecte méthodique et continue des données, une aide à la prise de décision en matière des actions à entreprendre et d'élaborer les informations requises en temps opportun pour l'évaluation de l'impact des différentes mesures de lutte en vue de prévenir et d'atténuer les effets de la sécheresse.


2.3. Irrigation et valorisation de l'eau


La superficie irrigable totale du Maroc s'élève à 1,6 millions d'hectares, ce qui représente 17% de la superficie agricole utile du pays. La superficie qui peut être irriguée de façon pérenne est de 1,3 millions d'hectares et celle dominée par les eaux de crues est de 300.000 hectares.
Actuellement, 1 million d'hectares est déjà équipé et participe de façon importante à la production agricole nationale. C'est ainsi que la valeur ajoutée engendrée par le sous-secteur de l'irrigation représente 35 % de la valeur ajoutée agricole en bonne année et 70% en année de sécheresse. Ce caractère sécurisant de l'irrigation est encore plus marqué pour les productions qui nécessitent des apports importants en eau.
Le secteur de l'irrigation joue également un rôle capital dans l'apport de devises par les exportations. En effet, les cultures irriguées participent à plus de 75% dans les exportations agricoles, soit près de 5 milliards de Dirhams.
L'irrigation des terres a permis, en plus de la création de près de 600.000 emplois permanents, l'amélioration des revenus des agriculteurs. Dans les Doukkala, les revenus ont été multipliés par 5 à 8 fois et dans la Moulouya, par 4 a 6 fois.
L'irrigation participe donc à plus d'un titre à la sécurité alimentaire à travers la croissance des productions et leur stabilité dans le temps, à travers l'apport de devises qu'elle engendre et à travers les revenus dont elle permet la distribution. Le tableau suivant donne le taux de participation de la production du secteur irrigué dans la production nationale (en %)

Cultures

Année pluvieuse (1995/96)

Année de sécheresse (1994/95)

% Superficie

% Production

% Superficie

% Production

Céréales

9

11

12

60

Légumineuses alimentaires

6

18

10

24

Fourrages

50

67

70

91

Cultures sucrières

93

94

96

98

Oléagineux

5,5

11,2

8,5

18

Arboriculture

47

88,7

47

90

(Agrumes)

(100)

(100)

(100)

(100)

Maraîchage

58

71

70

87

(primeurs)

(100)

(100)

(100)

(100)

Lait

-

75

-

75

Viandes

-

26

-

-26


L'importance de la production assurée par les superficies irriguées en année de sécheresse, montre que l'irrigation représente le facteur important de la sécurité alimentaire. En effet, à l'exception des légumineuses alimentaires et des oléagineux, la participation du secteur irrigué dans les différentes productions végétales est déterminante.
La superficie réservée aux céréales en irrigué s'est située en moyenne jusqu'à 1999 autour de 250.000Ha, correspondant à une production de 6,25 millions de quintaux. Cependant, dans le cadre du programme de sécurisation des céréales entamé à partir de la campagne 1999/2000, cette superficie sera de 300.000 Ha. Elle assurera avec un doublement des rendements, une production de 15 millions de quintaux.
Les primeurs et agrumes qui forment l'assiette d'exportation des produits agricoles proviennent exclusivement de l'irrigué.
En année de forte sécheresse, la participation du secteur irrigué devient capitale et contribue significativement à la satisfaction des besoins du pays en produits agricoles.
Il est à noter que le secteur irrigué participe également à la satisfaction des besoins nationaux en semences sélectionnées, notamment les céréales et la pomme de terre dont la production est conduite exclusivement en irrigué.
Les sécheresses successives qui ont sévi durant les deux dernières décennies laissent penser que le déficit pluviométrique est une donnée structurelle de notre pays. Il s'en suit que le sous-secteur irrigué aura un rôle de plus en plus important pour une plus grande participation à la sécurité alimentaire et subvenir aux besoins de plus en plus pressants et importants, en quantité et en qualité, des exportations marocaines. Ce sous-secteur est donc appelé à produire plus et mieux, avec la même quantité d'eau disponible, sinon avec moins, et ce, tout en préservant le patrimoine productif comprenant aussi bien le milieu (la terre avec sa fertilité et sa viabilité) que le principal facteur de production qui est l'eau d'irrigation (disponibilité de la ressource, viabilité des réseaux de transport et de distribution).
L'analyse des réalisations des cinq dernières années en matière de superficies cultivées montre une intensification de la production puisque le taux d'intensification cultural (rapport des superficies totales équipées et cultivées) ne dépasse guère les 100% pour l'ensemble des 9 grands périmètres irrigués du Maroc. Le taux prévu initialement était en moyenne de 120%.
Les niveaux de valorisation de l'eau d'irrigation sont très variables d'un périmètre à l'autre. La valeur de la production par m3 d'eau d'irrigation consommée est de 22 Dh/m3 dans le périmètre du Sous-Massa et n'est que de 1,7 Dh/m3 dans le Loukkos. La moyenne des Grands Périmètres irrigués est de 2,8 Dh/m3.
La valorisation de l'eau d'irrigation, notamment par les productions végétales constitue un exemple concret qu'il est important d'analyser afin d'en tirer les enseignements utiles pour une redéfinition de la politique agricole dans le sous-secteur de l'irrigué.
Les productions végétales valorisent différemment le m3 d'eau d'irrigation. Les primeurs sont les plus valorisantes avec une valeur de production de 22 Dh/m3, dont 10,6 Dh/m3 de valeur ajoutée et 11,4 Dh/m3 de consommations intermédiaires. Toutes les autres cultures ne dépassent guère 3 Dh/m3 de valeur de production ou 1,7 Dh/m3 de valeur ajoutée.
En matière de création d'emploi, les productions végétales permettent de créer en moyenne 13 journées de travail par 1.000 m3 d'eau d'irrigation consommée.
Les niveaux des rendements sont tellement variables entre les différents périmètres irrigués qui peuvent aller du simple au double. A titre d'exemple, le rendement de la betterave est de 35 T/Ha dans le Gharb et de 60 T/Ha dans les Doukkala. Ceci pose la problématique du développement régional d'une part, et des opportunités de spécialisation dans les domaines d'excellence par périmètre, d'autre part.
Les niveaux de rendement constatés sont très liés à la qualité du service de l'eau. Dans les périmètres disposant de ressources limités ou offrant une gestion peu performante de ces ressources (lourd système de gestion, problèmes de concordance entre l'offre et la demande, problème de coût et de tarification), on enregistre les performances les plus faibles.


2.4. Valorisation des ressources en terres et territorialisation


Les enseignements tirés des expériences vécues en matière de projets intégrés et d'aménagement des zones bour ont permis d'élaborer et de mettre en œuvre à partir de 1995, la Loi 33?94 relative aux périmètres de mise en valeur en bour. D'une importance majeure pour les zones d'agriculture pluviale, cette loi a institué le cadre légal d'intervention et a défini les lignes directrices de la nouvelle stratégie de mise en valeur en bour. Cette nouvelle stratégie vise particulièrement un rééquilibrage entre le bour et l'i1Tigué et la réunion de toutes les conditions permettant aux zones d'agriculture pluviale d'exprimer pleinement leur potentiel de production.
Elle vise aussi la création dans ces zones de pôles de développement agricole et rural intégrés et durables à travers une approche basée sur les cinq principes suivants :
· Une approche intégrée rompant avec le modèle d'intervention sectorielle, et prenant en compte l'ensemble des opérations de développement agricole susceptibles d'introduire une intensification de la mise en valeur des terres et un accroissement de l'investissement au niveau des exploitations ;
· Une approche focalisée et territorialement localisée des interventions visant à mieux cibler les actions et à répondre aux spécificités spatiales et sociales de chaque zone ;
· Une approche participative à tous les stades de la conception et de la réalisation, des projets, à même de garantir l'adhésion des agriculteurs concernés aux actions à mener et leur participation à leur réalisation ;
· Une approche contractuelle faisant ressortir les droits et obligations des agriculteurs bénéficiaires ;
· Une approche déconcentrée du pouvoir de décision et de mobilisation des moyens nécessaires, permettant aux structures régionales et locales de concevoir et réaliser des programmes adaptés aux besoins réels.
Cette approche intègre des actions d'aménagements, de réalisation d'infrastructures et de développement de productions, adaptées aux potentialités des différents espaces.
En outre et dans le cadre de la stratégie 2020 de développement rural, préparée par le Ministère de l'Agriculture, du Développement Rural et des Eaux et Forêt, les interventions de ce Ministère, seront adaptées régionalement aux spécificités zonales et à la diversité des stratégies locales.
La térritorialisation constituera, alors, la nouvelle approche essentielle de la nouvelle stratégie de développement agricole et rural car elle permet de répondre à trois préoccupations majeures:
· L'intégration : elle se comprend de deux façons, verticalement lorsqu'il s'agit des politiques de filières, et horizontalement lorsqu'il s'agit de répondre aux besoins interdépendants qui caractérisent les systèmes de production ;
· L'adaptation des politiques agricoles aux potentialités et contraintes du milieu naturel ainsi qu'aux systèmes de production et à leur environnement humain ;
· La décentralisation, à travers la création d'outils régionalisés d'aide à la décision.
La définition des niveaux de territorialisation se fonde sur le concept de "vocation dominante" qui tient compte du potentiel agro-écologique, des aptitudes biophysiques du milieu, du poids relatif et des caractéristiques des différentes productions, des principaux systèmes de production, des possibilités d'écoulement des productions,
Ainsi, le premier niveau de territorialisation est relatif aux grands ensembles agro-écologiques, tels que le bour aléatoire, le bour favorable, les zones de montagne, les steppes pastorales arides ou zones pré-sahariennes et sahariennes.
La territorialisation se base également sur la définition au sein de ces ensembles d'autres niveaux de répartition du territoire permettant de mieux déterminer les orientations stratégiques relatives aux programmes de développement local et aux projets d'investissement. Il s'agit d' "Unités de Territorialisation Agricole " (UTA) qui correspondent à des unités géographiques présentant un certain nombre de grands caractères communs qui les distinguent des unités voisines.
Il y a lieu de souligner, par ailleurs, que des territorialisations sectorielles peuvent être envisagées, telles que celles relatives à la modélisation de l'élevage, à la stratégie des parcours, à la stratégie de sécurisation de la production des céréales, …. Il est également possible de distinguer des espaces à des niveaux plus bas, que la Stratégie de Développement Rural 2020; a qualifié de " petites régions rurales " ou " pays " et qui permettent de mieux cibler les actions de développement local.
Enfin, il convient de souligner que la territorialisation agricole, qui répond à des critères liés à la localisation géographique, au milieu biophysique et aux systèmes de production, ne coïncide pas obligatoirement avec le découpage administratif.
Les critères de répartition concernent le relief, le climat, le facteur sol et l'apport d'eau d'irrigation. Sur la base de ces critères, la territorialisation de l'agriculture marocaine a permis de dégager neuf ensembles agro-écologiques répartis entre 31 UTA.
La territorialisation de l'agriculture devrait aboutir à l'identification des choix et des priorités qui permettront aux diverses unités spatiales du pays de se développer, en tenant compte de leurs contraintes, de leur potentiel et de leurs vocations dominantes. Ces choix et priorités se déclinent eux-mêmes en matière de gestion de la sécheresse, d'augmentation de la productivité selon les politiques des filières de production, de développement et de réduction de la marginalisation des zones de montagne et des zones frontalières à vocation pastorale et oasienne.
La territorialisation des politiques agricoles montre que certaines zones sont plus vulnérables que d'autres, à la fois en raison de leur situation agro-climatique, de l'importance de l'agriculture dans l'espace rural et de l'importance de la population agricole concernée.
Partant de ces éléments, c'est l'ensemble agro-écologique " bour aléatoire " qui est le plus concerné. Les UTA de cet ensemble doivent en priorité bénéficier des extensions de l'irrigation ainsi que des programmes d'irrigation de complément et des techniques de récupération des eaux de ruissellement. Ces UTA doivent aussi profiter des progrès réalisés en aridoculture. On doit aussi penser à y instaurer une arboriculture adaptée à la semi-aridité (amandier, pistachier, arganier).
Le choix de cet ensemble agro-écologique en priorité découle de la stratégie du pays visant une bonne gestion de la sécheresse.
En ce qui concerne l'ensemble agro-écologique "bour favorable", il est en seconde place, compte tenu de la superficie qu'occupe l'agriculture. Cet ensemble est celui où les politiques de diversification des productions et d'augmentation de la productivité peuvent avoir leur plus grand impact. Néanmoins, ces zones sont également soumises à des risques de sécheresse d'où l'importance de l'irrigation de complément et celle de récupération des eaux de ruissellement.
En ce qui concerne les montagnes, la politique de développement ne peut être que partiellement fondée sur l'agriculture. La priorité est de revégètaliser les espaces dégradés afin de restaurer un cycle d'eau régularisé et durable. L'option technique à long terme qui est généralement choisie est celle du reboisement, notamment les superficies du domaine forestier, à conjuguer avec une bonne gestion des parcours.
Dans les zones oasiennes et frontalières, une politique bien orientée devrait aider les éleveurs moyens à constituer une catégorie d'entrepreneurs d'élevage compétitifs.


2.5. Développement des filières de production


L'adaptation de l'agriculture aux enjeux internes et externes du développement appelle une production accrue, diversifiée et compétitive en terme de prix et de qualité. Cette production doit se faire dans un contexte économique plus compétitif et sur des bases qui permettent une affectation efficiente des ressources rares (terre, eau et capital) ainsi que la protection du milieu et de l'environnement.
Faire face à de tels enjeux suppose que l'on soit en mesure de bien moduler les politiques de production et de réponse à la demande. I1 est ainsi nécessaire de promouvoir une approche intégrée de mise à niveau de l'agriculture marocaine en matière de production, de transformation, de commercialisation et de distribution afin de l'engager, de façon compétitive, dans un processus de transition vers une économie ouverte sur le marché.
Les impératifs à cet égard sont, en particulier, de concilier le renforcement de la sécurité alimentaire avec l'accroissement des exportations.
Le développement des productions agricoles devra être conçu dans le cadre d'approches stratégiques de filière. En entend par filière, l'ensemble des activités productrices qui, de l'amont à l'aval, alimentent un marché déterminé. C'est ainsi, que sont distinguées les filières céréalières, sucrière, oléicole, agrumicole, laitière, viandes,...
Les performances des différents secteurs sur les marchés intérieurs et extérieurs sont exprimés en terme de marge bénéficiaire, construite, en premier lieu, par le renforcement des liens entre les segments de la filière (production, transformation et distribution) et par l'élaboration de stratégie concertées en ce qui concerne les relations en amont avec les fournisseurs de produits et services, et en aval avec les marchés de destination des produits de la filière. Cette concertation devrait donner lieu le plus souvent à l'émergence d'associations interprofessionnelles ayant un rôle décisif à jouer dans la restructuration du tissu productif et son adaptation aux nouvelles exigences du marché.
La filière est aussi un espace de choix pour l'appréciation objective des conflits qui surgissent entre les acteurs intervenant sur les différents segments de la filière et entre ces acteurs et les opérateurs en amont et en aval de la filière. Ces conflits portent souvent sur les conditions de formation et/ou de répartition de la marge bénéficiaire consacrant la performance d'une filière. Ainsi, les prix régissant les marchés des facteurs et des produits constituent un élément déterminant dans la formation de la marge bénéficiaire totale, alors que les comportements des acteurs de la filière conditionnent les modalités selon lesquelles cette même marge est répartie.
L'utilisation de la filière agroalimentaire comme instrument d'analyse et d'aide à la décision doit être étendue, dans le contexte marocain, aux ressources naturelles utilisées par l'agriculture. L'intégration de ces données permet en effet de restituer des ressources, comme les parcours, dans leur environnement économique. La prise en compte de l'environnement social permet quant à lui d'éviter que la recherche de la plus grande rentabilité se traduise par des effets d'exclusion sociale.
Une analyse des interactions entre les différentes filières de production agricole est nécessaire, vu la compétition entre elle pour les mêmes ressources rares (terres, eau d'irrigation, investissement, budget alloué à la recherche et à l'encadrement technique, etc,...). Les politiques dans l'une des filières peuvent avoir, directement ou indirectement, un impact négatif ou positif sur le développement d'autres filières, selon les rapports de complémentarité ou de compétition qui existent entre elles.
Dans ce cadre, des Plans de développement des différentes filières de production, végétale et animale ont été élaborés à l'horizon 2020. il s'agit du plan national oléicole, du programme de sécurisation de la production céréalière, du programme de réhabilitation du secteur des légumineuses alimentaires, du programme de restructuration et de développement de la palmeraie, du plan national agrumicole, du plan sucrier, du plan laitier, du plan des viandes rouges, du plan des viandes blanches. Ces plans visent la mise à niveau de ces filières pour les rendre plus compétitives.
Ces plans se basent sur l'accroissement de la production en fonction des potentialités naturelles et des possibilités d'amélioration de la productivité et de l'efficience économique ainsi que la capacité de faire face à la concurrence étrangère dans le cadre de la mondialisation. En outre, ces plans fixent comme objectif, la nécessité de garantir la sécurité alimentaire des produits s'y rapportant.


2.6. Protection de l'environnement et de sa durabilité.


La sécurité alimentaire durable est de plus en plus menacée par la dégradation des ressources naturelles (terre, eau, ...) engendrée par les activités humaines liées à l'agriculture (intensification de la production et sa valorisation : utilisation d'engrais et de produits chimiques, rejets des industries agroalimentaires ...), à l'industrie (rejet des gaz à effets de serres et changements climatiques, pollution des eaux ...) et à l'urbanisation (croissance démographique) et ses conséquences sur la limitation des terres à usage agricole et de l'eau. En ce qui concerne le facteur terre, et dans les zones à écologie fragile telles que les zones de montagne par exemple, la pression sur la terre se traduit par la déforestation en tant que seule alternative au maintien du revenu (en l'absence d'autres activités extra-agricoles), ce qui génère l'érosion et le risque d'envasement des barrages en plaines.
Par ailleurs, l'intensification non raisonnée de la production dans les zones irriguées se traduit par la dégradation des terres, ce qui réduit le rendement et menace la fertilité des sols.
L'utilisation par l'agriculture des produits chimiques et des engrais, les rejets des usines industrielles et des agglomérations urbaines constituent des sources importantes de pollution des eaux souterraines et superficielles.
Le Maroc se situe dans une zone climatique aride, l'ensemble de ces changements affecte négativement le biotope, en accentuant les phénomènes de sécheresse et de détérioration du couvert végétal.
La stratégie de développement rural et agricole, élaborée par le Ministère de l'Agriculture, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, vise la recherche d'un équilibre entre les activités agricoles et humaines (sécurité alimentaire) et la préservation des ressources naturelles, seule garantie d'un développement durable.
Dans les terroirs pauvres où l'érosion bat sont plein, l'effort de la collectivité sera dominant. C'est le cas des parcours ou de certains bassins versants. La mise en jeu des ressources de la collectivité s'appuie sur le fait que non seulement les terroirs difficiles ne peuvent générer les moyens financiers suffisants mais qu'ils jouent un rôle de régulation économique ou géographique dont bénéficient d'autres régions.
Lutter contre l'érosion dans les bassins versants, c'est limiter l'envasement des barrages et donc maintenir un niveau de production dans les périmètres
Lutter contre le surpâturage dans les parcours c'est préserver une frange de la population de l'exode rural et maintenir un capital de production en viande ovine à un coût réduit.
Dans ce cadre, la stratégie du développement agricole, a fixé comme objectifs, la création d'un équilibre entre les activités agricoles et humaines ainsi que la convention des ressources naturelles qui constitue la base d'un développement durable.


2.7. Croissance démographique


La croissance des disponibilités alimentaires devra être au moins égale à celle de la démographie, de sorte que les disponibilités par habitant ne diminuent pas. Si l'on considère la nécessité de contrôler la croissance des importations alimentaires, cela reviendrait à dire qu'il faudra freiner la croissance démographique et/ou améliorer la productivité et l'étendue de la SAU par Habitant.
Toute amélioration des disponibilités alimentaires parallèlement à un contrôle de la croissance des importations alimentaires nécessitera une forte amélioration du niveau de la production nationale. D'autres paramètres jouent un facteur déterminant de la sécurité alimentaire, notamment la pyramide des âges, le taux de fécondité et l'augmentation de la population des villes comme conséquence d'un double effet de démographie et d'exode rural vers les villes.


2.8. Développement des ressources humaines et promotion des investissements


a) Recherche et formation.


La recherche agronomique constitue l'un des piliers du développement agricole. Le Maroc a pu se doter d'institutions dynamiques et d'une politique de recherche qui lui a permis de couvrir de larges domaines et d'obtenir des résultats intéressants, particulièrement pour les productions stratégiques. Concernant les céréales, la quasi totalité des variétés inscrites au catalogue officiel ont été obtenues par l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA). Parmi les acquis importants dans ce domaine, il convient de signaler la sélection de plus de 169 variétés de différentes espèces à intérêt agro-économique, adaptées aux différents terroirs et qui donnent de hauts rendements. Pour l'olivier et le palmier dattier, plusieurs clones productifs et résistants aux maladies et parasites ont été obtenus.
Actuellement, des expérimentations sont menées pour mettre au point de nouvelles variétés selon la méthode dite des "Organismes Génétiquement Modifiés", qui peuvent donner des rendements encore plus élevés. Des méthodes plus performantes, telle que la multiplication par voie méristématique, sont également utilisées pour les cultures horticoles et arboricoles.
Grâce à leur potentiel humain et à leur répartition géographique, les institutions de recherche ont pu réaliser des résultats qui leur confèrent une notoriété internationale.
Cependant, les moyens mobilisés pour la recherche agronomique demeurent en deçà des besoins. Dans ce cadre, l'engagement de l'Etat pour le soutien de la recherche agronomique est primordial pour l'acquisition et l'utilisation de nouvelles technologies.
A cet effet, pour notre pays ne consacre actuellement à la recherche que 0,25% du produit intérieur brut agricole, et il est attendu que ce taux augmente à 1,25% à l'horizon 2015 et que l'objectif fixé à long terme est de 5%.
La formation agricole constitue le deuxième pilier du développement agricole. Des cadres de différents niveaux, couvrant tous les domaines d'activités, sont formés pour satisfaire les besoins de tous les secteurs agricoles et para-agricoles. La politique dans ce domaine, a conduit à la mise en place d'un d'important réseau d'établissements de formation constitué :
· De trois établissements d'enseignement supérieur d'une capacité d'accueil de 2.800 places. I1 s'agit de l'Institut Agronomique et Vétérinaire HASSAN II de Rabat et de son Complexe Horticole d'Agadir, de l'Ecole Nationale d'Agriculture de Meknès et de l'Ecole Nationale Forestière d'Ingénieurs de Salé.
· D'un dispositif d'enseignement technique et de formation professionnelle agricole constitué de 43 établissements avec une capacité d'accueil de 3.200 places.
Dans ce domaine, les établissements marocains ont acquis un rayonnement international au point qu'ils forment en leur sein des ingénieurs et des techniciens venant de divers horizons et particulièrement des pays d'Afrique.


b) Investissements agricoles et soutien des petites et moyenne exploitations


Au Maroc, les petites et moyennes exploitations, c'est-à-dire celles dont la SAU est inférieure à 5 Ha représentent 70 % des exploitations et celles dont la SAU est comprise entre 5 et 20 hectares représentent 25 % des effectifs. Elles exploitent respectivement 24 et 43 % de la SAU. C'est dire que toute amélioration notable des productions agricoles devra nécessairement prévoir des aides et des incitations à l'investissement au profit des petites et moyennes exploitations.
Vu le caractère familial des petites et moyennes exploitations et leur faible organisation, celles-ci profitent faiblement des avantages offerts par l'Etat et ce d'autant plus que la politique de libéralisation leur est largement défavorable.
L'augmentation des investissements agricoles garantie une stabilisation des revenus des exploitations et favorise l'instauration de mécanismes d'assurance et autres systèmes pour stabiliser les revenus des agriculteurs et réduire les effets néfastes des aléas climatiques.


c) Valorisation de la production agricole et normalisation.


La commercialisation, la transformation et la distribution des produits alimentaires représentent une part importante du prix à la consommation et contribuent pour beaucoup à l'emploi et au revenu d'un pays. Une filière efficace de transformation après-récolte et de commercialisation, oriente la production et la distribution en fonction des besoins des consommateurs et réduit au minimum les coûts du transfert entre producteur et consommateur. Une commercialisation efficace, garantit les disponibilités alimentaires et facilite l'accès à une nourriture bon marché, mais saine.
Avec la libéralisation, la globalisation de l'économie et l'ouverture du marché intérieur aux produits agricoles provenant des pays tiers, le Maroc est amené à engager une nouvelle politique de qualité et de normalisation des produits et des denrées alimentaires, afin d'améliorer leur commercialisation et renforcer leur compétitivité.
Le développement du secteur de transformation et de conservation des aliments, pour garantir l'approvisionnement alimentaire devient une nécessité absolue. Ce secteur emploie en effet une main d'œuvre nombreuse tant rurale que citadine et notamment des femmes, et constitue un puissant vecteur de croissance. Toutes les opérations de transformation, qu'il s'agisse d'opérations à petite échelle ou de grandes entreprises employant des milliers de personnes, doivent s'appuyer sur une demande effective à laquelle il faut pouvoir répondre de manière lucrative.
Le rôle primordial de ce secteur ressortira par la mise en place d'un système capable d'assurer au consommateur un approvisionnement alimentaire adéquat, abordable et sain et par l'optimisation du système de production.

CONCLUSION


L'évaluation des politiques en matière de sécurité alimentaire au Maroc montre que notre pays a franchi des étapes importantes pour assurer un approvisionnement régulier des populations en produits alimentaires agricoles et halieutiques et d'ouverture sur l'économie mondiale.
Les acquis obtenus sont un atout précieux pour faire face aux défis à confronter au cours des prochaines décennies, en matière de maîtrise de la croissance démographique, de préservation des ressources naturelles (sol et eau notamment) et enfin d'ouverture de notre agriculture sur les marchés extérieurs.
Ces défis, qu'il y a lieu de surmonter dans les années à venir, consistent à assurer la disponibilité et l'accès des populations à une alimentation équilibrée et saine et concernent principalement:
La lutte contre la pauvreté : sur le plan macro?économique, à travers la création des richesses et de l'emploi et leur répartition pour une population jeune et appelée à s'accroître, et sur le plan social par le renforcement des politiques alimentaires, à travers des actions de solidarité avec les couches défavorisées en mettant en place des instruments d'aide alimentaire structurels et pérennes. La Fondation Mohammed V pour la Solidarité, présidée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, constitue la base de cette nouvelle politique.
Par ailleurs, il y a lieu de souligner les politiques de subvention des prix à la consommation de certains produits appliquées par notre pays depuis plusieurs années, notamment pour la farine et le sucre.
La stabilité de la production nationale: ce défi majeur ne pourra être totalement relevé que dans le cadre d'une stratégie agricole et rurale fondée sur une appréciation objective des contraintes et des marges de progrès de l'agriculture nationale. A ce titre, il convient de signaler que l'agriculture marocaine a constitué depuis l'indépendance, l'un des moteurs fondamentaux de l'économie nationale. Elle a joué un rôle important dans la garantie de la sécurité alimentaire du pays et par conséquent le bien être de la population. Des résultats globalement positifs, quoi que modestes pour certains secteurs, ont été acquis, notamment pour le sucre, le lait, les viandes et les fruits et légumes. Ces résultats ont été obtenus grâce essentiellement à la politique des barrages, d'aménagement hydro-agricoles et d'utilisation raisonnée et efficiente de l'eau d'irrigation, menée par notre pays depuis l'indépendance.
Cependant, cette activité de production reste confrontée à un certain nombre d'aléas, notamment climatiques, sanitaires, phyto?sanitaires et économiques qui conditionnent de manière drastique ses performances.

Aléas climatiques :


L'élaboration d'une stratégie nationale d'adaptation à la sécheresse devient une orientation prioritaire, compte tenu du caractère structurel de cet aléa. En vue de combattre les effets néfastes de la sécheresse, cette stratégie doit être axée sur la création et la mise en place d'un observatoire national sous la forme d'un espace de partenariat, de concertation et d'échanges d'information.
L'observatoire est un outil privilégié pour promouvoir les techniques de gestion des risques, à travers l'intégration de prévisions fiables des phénomènes atmosphérique précurseurs, le développement de systèmes d'alerte précoce de la sécheresse et la préparation de plans opérationnels de lutte contre ce fléau, avec une attention particulière sur la sensibilisation des populations.
Aléas sanitaires et phytosanitaires :
L'intensification et la diversification de la production induisent l'utilisation d'un paquet technologique comportant un matériel biologique à haut potentiel de production et très souvent d'origine étrangère. De même, l'industrialisation, la mondialisation et l'ouverture des frontières aux produits étrangers, rendent plus pernicieux et plus graves les risques sanitaires et phytosanitaires et augmentent les risques phyto?zoo?sanitaires qui peuvent mettre en péril la production nationale. Ceci nécessite la mise en œuvre d'une politique nationale conforme aux engagements internationaux, sauvegardant les intérêts de notre pays et permettant de protéger la production nationale contre les risques sanitaires et phytosanitaires venant de l'étranger. Le virus TYLCV, qui n'existait pas au Maroc, et qui vient d'attaquer la culture de la tomate, est une illustration parfaite de ces risques.
De ce fait, il n'est plus concevable de mettre en œuvre des politiques de contrôle par des procédures unilatérales et centralisées; les coopérations régionales et internationales sont également une clef dans la recherche des moyens permettant d'assurer une protection des productions nationales.


Aléas économiques :


Les enjeux relatifs à une grande ouverture et à la libéralisation de l'économie nationale impliquent pour l'agriculture un effort considérable d'adaptation sans lequel les parts de marché à l'export, durement conquises, et même celles du marché intérieur, traditionnellement protégées, risquent d'être perdues au profit de concurrents étrangers plus performants et plus entreprenants.
I1 s'agit de maîtriser les déterminants d'instabilité des marchés. A ce titre, il est nécessaire de mettre en place des observatoires de suivi des marchés nationaux et internationaux et des situations agro-économiques de nos partenaires et de nos concurrents, de sorte à pouvoir anticiper et mener des actions idoines en conséquence.
En parallèle, des organisations professionnelles actives doivent être encouragées afin de mieux tirer profit de ces observatoires.
Pour faire face à ces défis, le Ministère de l'Agriculture, du Développement Rural et des Eaux et Forêts a élaboré une stratégie de développement rural et une stratégie de développement agricole qui identifient les potentialités et les contraintes et examinent les chemins critiques et les convergences de politiques qui pourraient aider à donner un sens concret à une vision possible du développement agricole et rural à l'horizon 2020.
Cette stratégie a été examinée, débattue et adoptée par l'ensemble des acteurs, opérateurs et intervenants dans le secteur agricole, lors du colloque national de l'Agriculture, tenu en Juillet 2000.
Enfin, pour conclure, il y a lieu de soulever les principales interrogations suivantes:
· Comment l'agriculture pourrait-elle continuer à jouer son rôle stratégique dans la garantie de la sécurité alimentaire ?
· Quels sont les engagements de l'Etat pour la garantie de la sécurité alimentaire et quel rôle doivent jouer les organisations professionnelles et les opérateurs économiques dans ce domaine ?
· Est-ce qu'il n'est pas temps de réfléchir sérieusement sur la mise en place de mécanismes institutionnels de concertation et de coordination dans les domaines de la qualité et de la protection sanitaire et phytosanitaire ?
· N'est-il pas opportun de reconsidérer la politique de subvention des prix à la consommation des