Terre
Agrochimie. L'américain Monsanto visé par une autre
plainte pour «publicité mensongère».
Nouveau
round pour le Roundup
Par Eliane PATRIARCA
samedi 04 juin 2005
Le Roundup, produit phare de Monsanto, est massivement utilisé en France par
les agriculteurs, mais aussi par les jardiniers amateurs et les collectivités
locales pour les espaces verts. Il a longtemps été vanté par Monsanto, dans les
campagnes publicitaires et sur les emballages, comme un produit
«biodégradable» et «respectueux de l'environnement». Des
allégations mensongères selon Eaux et Rivières de Bretagne et UFC-Que choisir,
et de nature à faire croire que ces herbicides sont inoffensifs. Ras-le-bol. Pour Audace, qui regroupe des agriculteurs, des
distributeurs et 350 fabricants de pesticides génériques, c'est un ras-le-bol
face à des pratiques industrielles «intolérables» et contraires à
l'éthique qui l'avait poussé à porter plainte. Son président, Daniel Roques,
insiste : «Nous en avons assez que les agriculteurs soient les boucs
émissaires dès qu'on parle des dégâts des pesticides ! Le fait de présenter
comme inoffensif et sans danger pour la santé et l'environnement un produit dont
la matière active est le glyphosate est inacceptable !» Le glyphosate est en
effet classé au niveau européen comme «toxique pour les algues et pour la
faune aquatique» et «dangereux pour l'environnement». Audace nie la biodégradabilité du Roundup en soulignant, comme Eaux et
Rivières, que depuis 1999 les prélèvements d'eau effectués dans les cours d'eau
bretons montrent une présence massive de glyphosate. Vendredi, dans un communiqué, Monsanto a regretté le report du procès et
défendu son produit. La firme se prévaut de la réhomologation en 2001 par la
Commission européenne du glyphosate, preuve selon elle que le produit est
effectivement biodégradable. «Bonnes pratiques». Mais simultanément elle rappelle qu'elle a
désormais choisi de retirer, volontairement, «la mention "biodégradable" sur
la publicité et les étiquettes des produits de la gamme.» Aujourd'hui,
Monsanto préfère mettre l'accent sur les «bonnes pratiques du désherbage»
et moyens de protection (bottes, gants...).
ncore reporté. Initialement prévu en novembre, puis le 3 juin, le
procès du géant de l'agrochimie Monsanto a de nouveau été repoussé vendredi. Le
fabricant américain, qui avait présenté le Roundup, un herbicide grand public,
comme biodégradable, est poursuivi pour «publicité mensongère» par deux
associations, Eaux et Rivières de Bretagne et UFC-Que choisir. Le tribunal
correctionnel de Lyon a appris que Monsanto fait l'objet d'une plainte
similaire, déposée en 2002 à Nanterre par l'Association des utilisateurs et
distributeurs de l'agrochimie européenne (Audace). Le tribunal de Lyon estime
avoir besoin de temps pour puiser des éléments (expertises, auditions...) dans
le dossier d'instruction de Nanterre.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=301581