GENERIQUES (suite)
Pour Goliath,
David est un copieur
La semaine dernière, nous relations la saisie pour cause de contrefaçon des stocks d'herbicides pour betteraves produits par la société tournaisienne PSI. Nous avons reçu entre-temps les commentaires de Basf. Luc Michiels, directeur du secteur agrochimique de la branche belge, considère PSI comme un concurrent déloyal : "Les herbicides Parcifal (liquide) et Cortes (granulés) de PSI sont des copies conformes de nos produits."
Stéphane Drouillon, patron de PSI, affirme que ses produits sont des génériques, à base de chloridazon, une molécule tombée dans le domaine public, et non des copies de brevets existants. Si la molécule est effectivement tombée dans le domaine public, Luc Michiels rétorque de PSI emploie un type de chloridazon élaboré selon des méthodes similaires à celles qu'utilise actuellement BASF, ce que ce procédé de fabrication est couvert par un brevet. Stéphane Drouillon s'en défend. Chez BASF, on dit s'appuyer sur une expertise des Facultés agronomiques de Gembloux, qui démontre la similitude des produits. Expertise sur laquelle s'est basé le juge pour faire procéder à la saisie des herbicides incriminés, soit 30 tonnes. Une quantité qui représenterait 15 % du marché belge selon la multinationale allemande, laquelle affirme puiser ses chiffres dans des études de marché effectuées par des organismes indépendants. Le géant (48,7 milliards de DM de chiffre d'affaires en 96) aura, en tout cas, empêché son petit concurrent (200 millions de FB en 96) de vendre durant la campagne de printemps. "Il est normal d'empêcher un concurrent déloyal de vendre", dit-on chez Basf, en rappelant avoir déjà demandé la saisie d'un autre produit de PSI en 96. "D'autres producteurs fabriquent des génériques à base de molécules produites selon la méthode ancienne ; ceux-là ne font pas de contrefaçon."
Un expert a été nommé par le Juge. A lui de faire procéder à de nouvelles analyses ou d'accepter celles qui ont motivé la saisie. En attendant, la saison des herbicides pour betteraves sera passée
Trends Tendances - 3 avril 1997