Du rififi dans les phytos

La surprise est de taille, Elle vient de la société Surcouf (*) qui revendique haut et fort le droit et le devoir d’importer enfrance, des produits phytosanitaires â moindre prix. « Pourquoi des produits strictement identiques n’ont-ils pas les mêmes prix, selon les pays ?, s’interrogent ses actionnaires. Les agriculteurs français sont-ils si performants qu’ils peuvent se permettre de payer plus cher que leurs collègues italiens ou américains ? » Surcouf se poserait-elle en justicier de l’univers phytosanitaire et en défenseur de l’agriculteur consommateur ?

La société n’ambitionne pas moins de faire « la chasse aux imposteurs, ces non-professionnels qui importent tout et n’importe quoi, n’importe comment ». Tout un programme et du rififi en perspective!

Distinguer les «bonnes »et les « mauvaises» importations

Mais le problème n’est pas si simple qu’il y paraît. Selon la législation française, un produit phytosanitaire ne peut être mis en marché sur le territoire que s’il est homologué. Une autorisation de vente spécifie le nom commercial du produit, son numéro et ses usages. Depuis le î er janvier 1993, Europe oblige, les produits peuvent circuler librement dans tous les pays. Si la répression des fraudes arrête â Laon un camion de produits phytosanitaires européens ou extra-européens légalement importés en Europe, bien que non homologués en France, il n’y a rien d’illégal. En revanche si ce produit est retrouvé dans les stocks d’un agriculteur, c’est qu’ "il a été mis en marché". L’utilisateur est alors passible de poursuites. C’est la loi du « ce qui n’est pas autorisé est interdit ».

Surcouf joue sur l’ambiguïté des textes. La société demande de pouvoir bénéficier d’homologations parallèles, comme il en existe, d’après ellé, en Angleterre, Allemagne, Belgique et Hollande. En Angleterre, l’importateur peut demander une homologation parallèle pour un produit phytosanitaire commercialisé moins cher en Italie sous lappelation, de « tataoui » par exemple, alors qu’il est vendu en Angleterre sous le nom de " itata ". S’il l’obtient, l’importateur peut reconditionner ce produit et l’étiqueter sous sa propre marque avec le numéro d’homologation parallèle "tataoui". Or ce procédé n’existe pas en France. La société demande l’arbitrage de Bruxelles. Pour leur part, les firmes phytosanitaires rappellent que l’homologation est une garantie pour l’agriculteur et que "sans elle, les risques sont grands pour tous". Elles se déclarent cependant ouvertes à la concurrence, du moment que chacun reste dans la légalité. Illégalité et légalité, tout le débat est là. Espérons simplement que ce remue-ménage permettra de faire rapidement le tri entre les importations licites, dues à des différences de prix, et les importations d’origines douteuses qui mélangent imitations et contrefaçons. Les firmes n’ont pas le choix. Elles sont condamnées à réagir.

(i) La société Surcoul (Surveittance des coûts des fournituires) est constituée d'Agridis, central d'achat regroupant qarante négocïants privés de l'aqrofourniture, d'ATI structure beige qui distribue dans te Nord de ta France et Phytheron importateur bien connu dans la profession phytosanitaire

Cultivar n°379 16 au 28 février 1995